Les ajustements de prix de la SAQ ne reflètent pas la réalité du marché des producteurs de vins et spiritueux selon A3 Québec
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10 décembre 2021Montréal, le 2 novembre 2021 – À l’aube de la prochaine hausse des prix des alcools vendus à la SAQ, qui aura lieu en novembre, les producteurs de ces produits, par l’entremise d’A3 Québec, qui rassemble les agences de représentation de producteurs de vins, bières et spiritueux au Québec, tiennent à expliquer quels sont les facteurs qui les forcent à augmenter les prix de leurs produits. En effet, en plus des pertes liées aux conditions climatiques difficiles dans plusieurs régions du monde, les coûts de production ne cessent d’augmenter alors que les prix, eux, stagnent pratiquement.
« Le prix des vins, de la bière et des spiritueux a augmenté partout dans le monde, a déclaré Roch Bissonnette, président d’A3 Québec. Pour les consommateurs, les hausses de prix que doivent imposer les producteurs ne représentent que quelques sous par bouteille, mais pour le producteur, cela peut faire toute la différence. »
Des phénomènes climatiques aux conséquences importantes
En France, l’année 2021 a été particulièrement difficile et suivait les années 2019 et 2020 qui avaient amené leurs lots de défis en raison des canicules particulièrement importantes. D’abord, au printemps, le pays a connu des gelées et même de la neige à certains endroits, du jamais vu depuis 1991. Ensuite, un épisode de grêle a affecté les vignes. Et puis, juillet a été très pluvieux et l’humidité a fait en sorte que les vignes ont été attaquées par des parasites végétaux qui ont laissé les raisins rabougris. En Provence, ce sont les feux de forêt en août qui ont affecté la production.
« En Bourgogne, la région la plus touchée en France, nous avons perdu 30 % de notre production de vin rouge et 70 % de la production de blanc, a indiqué Christian Ciamos, directeur commercial de la maison Albert Bichot. Dans ce contexte, nous ne sommes pas à l’abri d’une rupture de stock pour certains produits. Nos réserves sont très basses. »
En Gascogne où les producteurs ont été particulièrement touchés par les gelées historiques – cette zone a même été soumise au régime des calamités agricoles –, on estime que la production moyenne est réduite de près de 50 %. Par exemple, au Domaine Tariquet et au Domaine La Hitaire, dans le sud-ouest de la France, fortement touchés par les gels en avril 2021, avec des pertes de 50 à 60 % et même 75 % sur le chardonnay, on précise que cette catastrophe agricole s’ajoute à de multiples facteurs qui font augmenter fortement et durablement les coûts de production.
« La hausse du prix des matières premières, la hausse du prix des matières sèches (bouteilles, carton, bouchons, capsules, étiquettes), la hausse des coûts de main-d’œuvre, le développement des contraintes légales et administratives, ce sont des facteurs sur lesquels nous n’avons pas le contrôle et qui ont un impact important sur les coûts de production, explique Ithier Bouchard, directeur commercial au Domaine Tariquet et Domaine La Hitaire. « Depuis 30 ans, nous pratiquons une culture raisonnée, c’est-à-dire que nous visons à limiter le plus possible l’impact sur l’environnement. Cette façon de faire est plus coûteuse et à cela s’ajoutent les investissements importants en recherche et développement pour une culture raisonnée de précision au pied de vigne, pour le maintien de la biodiversité et de la vie de sols et pour une gestion raisonnée de l’eau. »
« Quel que soit le niveau de production obtenu, les coûts engagés au vignoble sont les mêmes, voire supérieurs, ajoute Frédéric Marque, propriétaire et gérant de Château Puyfromage. En effet, même gelée ou grêlée, la vigne doit être entretenue pour pouvoir continuer à produire dans de bonnes conditions au cours des années à venir. De ce fait, une baisse de rendement de 50 % double le coût de revient. Cette année, nous avons aussi investi 150 000 € (215 000 $ CAD) dans trois tours antigel pour essayer de mieux faire face aux gels. S’adapter aux changements climatiques demande de gros investissements. »
« La reprise économique mondiale provoque une inflation et une pénurie de marchandises inédites depuis 40 ans, renchérit Brigitte Jeanjean, vigneronne de 6ème génération et ambassadrice des Vignobles Jeanjean. Tout est plus cher : les étiquettes, les bouteilles, le coût du transport. »
Ailleurs dans le monde, l’Allemagne a, pour sa part, connu de fortes inondations en juillet, tandis qu’en Californie, la sécheresse a des conséquences importantes sur les vignobles. La situation économique en Argentine pose aussi problème aux vignerons locaux en raison de la dévaluation du peso argentin et de la forte inflation. Enfin, toutes les étapes de la chaîne de production se sont avérées plus coûteuses depuis le début de la pandémie.
Une hausse pour préserver la variété de l’offre au Québec
« La SAQ offre aux Québécois une variété de produits incroyable, a poursuivi Roch Bissonnette. Que l’on soit sur le Plateau Mont-Royal, à Val d’Or ou à Mont-Joli, les consommateurs ont accès à cet éventail de produits partout sur le territoire du Québec. C’est une vraie chance ! Si nous voulons maintenir cette diversité et cette qualité, les Québécois doivent aussi accepter de payer les produits à leur juste prix. Faute de quoi, certains producteurs pourraient choisir de retirer certains produits pour les offrir à d’autres acheteurs qui tiennent davantage compte de leur réalité. »
À propos d’A3 Québec
Fondée en 1969, A3 Québec regroupe 92 membres, dont 75 agences de vins, bières et spiritueux, qui totalisent plus de 97 % des ventes à la SAQ. Œuvrant au nom des producteurs, ces agences veillent à développer le marché des vins, bières et spiritueux au Québec. A3 Québec organise annuellement La Grande Dégustation de Montréal, le plus grand événement vinicole de l’Est du Canada. Pour plus d’informations, visitez www.a3quebec.com.